La commune de Jupille-sur-Meuse près de Liège a été le siège d’une agglomération gallo-romaine dépendant dans l’Antiquité de la ville de Tongres, alors capitale de la cité du même nom. L’exploration de son cœur historique, poursuivie depuis 1999 par le Service public de Wallonie et le Foyer culturel de Jupille-Wandre, a abouti en 2005 à la découverte d’un sanctuaire consacré à Apollon honoré sous une forme locale encore inédite, Smerturix. La stratigraphie appuie un scénario dont la trame dévoile, en cinq états archéologiques, la dynamique de ce lieu de culte et le succès de sa fréquentation. Elle permet de mesurer l’importance de plus en plus grande accordée à la monumentalisation du cadre architectural dans le déroulement des pratiques religieuses. Les quelques témoignages conservés en démontrent d’ailleurs toute la diversité : offrandes miniatures, dépôts rituels, vestiges de sacrifice et de cérémonies accompagnées de banquets et peut-être même l’exercice de pratiques thérapeutiques. Ces transformations architecturales s’accompagnent d’un programme décoratif résultant d’un acte évergétique émanant des autorités ou de la communauté de l’agglomération. Il se compose de sobres colonnes toscanes et d’antéfixes, mais aussi de sculptures libres et d’une colonne de Jupiter, dont subsiste uniquement l’image d’un Apollon solaire. Délaissé au plus tard dans la première moitié du 3
e siècle apr. J.-C., le lieu reste fréquenté de façon occasionnelle dans la seconde moitié du 3
e siècle et au 4
e siècle apr. J.-C., à une époque où l’agglomération elle-même livre encore de maigres témoignages d’occupation.