À 6,5 km au nord de la ville de Virton, en Lorraine belge, la colline fortifiée de Château Renaud est située à mi-distance de la chaussée Reims-Trèves et du
vicus romain de Virton-Saint-Mard. À la suite des menaces de pillages, l'exploration archéologique de la fortification se déroula en trois campagnes, de 1977 à 1979, et fut complétée, en 1989 et 1990, par la vidange de deux puits profonds qui ont fourni un matériel exceptionnel. Les recherches ont révélé que le sommet ovalaire de la butte avait été ceinturé par une muraille fondée sur des blocs sculptés de remploi ayant appartenu à des monuments du Haut-Empire et une palissade qui protégeaient une surface d'environ 2 hectares. Ces structures furent remplacées dans un second temps par un mur de bois et de terre. Les puits ont tous deux été comblés en plusieurs étapes et finalement abandonnés, en même temps, vers la fin de l'occupation du site. Chacun a livré un important dépôt d'objets métalliques, d'une trentaine de kilos comprenant une belle statuette de Cupidon, qui aurait été volontairement jeté au fond pour le cacher. Les puits contenaient aussi des restes fauniques et des os humains, des objets en cuir et en bois ainsi que des autels et une statue en ronde-bosse qui auraient appartenu à un sanctuaire. Les quelque 1600 monnaies, la céramique abondante et variée, ainsi que les verreries et pièces en métal recueillies sur le site révèlent la présence d'une communauté de militaires, et peut-être aussi de civils, économiquement prospère. La diète des occupants est connue par les analyses biologiques : ont été identifiés la nature des céréales cultivées, des fruits consommés, dont certains issus du Bassin méditerranéen, le vaste choix de plantes condimentaires, le gibier en plus des animaux d'élevage. L'étude du Château Renaud a permis de distinguer deux périodes d'occupation principales correspondant à deux époques agitées, marquées par des événements politiques, des incursions ou des menaces de barbares, l'une entre 350 et 367, l'autre débutant à partir des années 380 pour s'achever au plus tard vers 430. La bonne conservation des vestiges découverts, la qualité et l'abondance quasi uniques du matériel permettent de considérer le Château Renaud comme un site majeur de Wallonie pour le Bas-Empire romain.